Travaille... Comme avant. [Daniel]

Plusieurs semaines étaient passés déjà depuis la fameuse journée... Cette journée pendant laquelle tout avait basculé. Mais finalement, quand Emilie y pensait bien, finalement, elle n'avait pas tant basculé que ça pour elle. En fait, à part les petits désagréments matériels et superficiels, sa vie n'avait pas empiré. Car pour une fois, les personnes qui lui étaient chères n'avaient pas disparues. A chaque fois qu'elle y repensait, elle ressentait une énorme peur lorsqu'elle se disait qu'elle aurait pût tous les perdre, mais alors elle se rappelait qu'ils étaient toujours là, et que tout était pour le mieux. Cela dit, il y avait tout de même une ombre sur le tableau : oui, eux, ils avaient perdu des êtres chers à leurs yeux, et Emilie ne pouvait s'empêcher - et c'était tout à fait normal d'ailleurs... - de se sentir triste pour eux.

Elle tentait alors d'être joyeuse, comme à son habitude, et elle tentait de les faire rire, mais ils ne pouvaient que sourire légèrement. Elle ressentait bien que sa présence les aidait quand même à surmonter tout cela, mais cela lui minait tout de même le moral. Évidemment, elle ne le montrait pas car elle n'avait jamais montré ses sentiments, et elle ne commencerait certainement pas aujourd'hui. Alors, aujourd'hui, au travail, elle était tout de même rayonnante, comme à son habitude. Ses clients les plus fidèles lui en étaient presque reconnaissants, la qualifiant de "rayon de soleil", et surtout en ces évènements sombres. D'ailleurs, depuis qu'on avait vu ces évènements changer la vie de tous les jours, il y avait étrangement plus de monde au petit bar café. Peut être que les gens avaient besoin de plus de contact humain... ?

En tous cas, ce ne serait pas étonnant. Emilie allait d'une table à l'autre depuis une demie-heure, sans un seul arrêt. Les clients étaient arrivés tous en même temps, et du coup, elle avait une tonne de boulot en un laps de temps réduit, alors quelques minutes plus tard, elle n'aurait plus grand chose à faire. Il était à peine 10 heures, et c'était le temps du coup de bourre. Elle courait presque, son plateau sur les bras, se faufilant entre les tables. Puis, quelques minutes plus tard, elle n'avait déjà plus rien à faire. Les clients parlaient entre eux, et elle retourna derrière le comptoir. Elle se mis alors à nettoyer la machine à café, d'un air monotone, les gestes machinaux. Quand elle finit, elle se retourna vers le comptoir et s'accouda, regardant avec un air innocent et presque enfantin autour d'elle.